Il y a encore une vingtaine d'années, les créoles Guyanais se définissaient très simplement : ils étaient ceux qui vivaient en Guyane, en exceptant les métropolitains, les chinois, les autochtones "primitifs" Amérindiens et noirs Marrons, les étrangers... Restait la population créole, forte aujourd'hui de 45000 habitants, représentant dans les années 70, les trois-quarts de la population vivants en Guyane. Réduite actuellement a 40 % de celle ci sous l'effet d'une forte immigration. Ce bouleversement démographique, dramatiquement vécu par le groupe créole est a l'origine de sa récente évolution et des nouvelles questions qu'il se pose. La société créole trouve son creuset dans la situation d'esclaves mais s'est réellement épanouie avec l'émancipation octroyée, l'état d'affranchis ou de nés libres , puis l'abolition de l'esclavage. La liberté, les limites de cette liberté, le souvenir douloureux de la conditions servile, le modèle occidental attractif et pesant, la présence de société naissante sur la base du contre-esclavage, qui se traduit par la prédominance de l'individualisme, contre la contrainte pour la liberté individuelle : c'est une des valeurs fondamentales que les créoles ont été conduits a inventer.
	Remplaçant la plantation coloniale après l'émancipation, la petite habitation créole née du mouvement de dispersion des esclaves libères, en fut la première manifestation. Mais c'est avec la ruée vers l'or que cet individualisme explose : abandon des activités agricoles et des rares pratiques collectives d'entraide, orpaillage artisanal, petit puis grand commerce, affairisme, les négociants assurant "la reproduction de la position dominante en s'appropriant l'idéologie du contre esclavage". Cette fièvre de l'or dure jusqu'aux années 30 et vinrent la guerre, les difficultés d'importations qui assuraient la fortune des commerçants, puis l'épuisement de l'or. Sur cette situation de crise économique, sociale, culturelle survint la départementalisation en 1947. Le dynamisme créole lancé il y a plusieurs siècles, intégrant des éléments contradictoires venus de passés divers, continue. De ses réponses aux questions que la société créole se pose -redevenir majoritaires en se rapprochant des haïtiens, créoles de même culture, quels rapports établir avec la métropole et les métropolitains, quel type de relations avec les autres ethnies - dépendra en grande partie de la future Guyane.